La névrose française

Beaucoup de personnes se posent actuellement des questions sur le mal être français, qui est ressenti par tous, décrit par certains, et exploité, à tort et à travers, par la politique.

De puissants exégètes en cherchent les causes, chacun dans son domaine, en accusant, tour à tour, divers boucs émissaires, les « terroristes », la « mondialisation », le « capitalisme sauvage » etc.

Certains font des fixations. « Le lobby juif », a dit un certain Raymond Barre, « les francs maçons », disent d’autres…

Dans ma jeunesse, c’étaient, tour à tour, fonction des personnalités, « les communistes », ou « les curés », et bien d’autres thèmes, aujourd’hui dépassés, mais bel et bien remplacés.

Tout ceci n’est que faux fuyant, voire délire. La réalité est infiniment plus complexe, et plus grave.

Au fil des événements, et, effectivement, en raison de la conduite politique des affaires du pays, depuis la seconde guerre mondiale, la France a, peu à peu, sombré dans une sorte de névrose, dont l’effet consiste à amener, dans la pratique, chaque citoyen à se défier de son semblable.

La preuve m’en échoit, à raison de mes activités de journaliste, spécialement de journaliste engagé dans la défense d’une cause citoyenne.

Je publie, entre autres, de nombreux textes, et de nombreux livres de vulgarisation, pour tenter de faire prendre conscience de leurs vraies possibilités d’action, aux créateurs individuels que sont les « petits inventeurs »

Récemment, en fonction de l’évolution, j’ai étendu mon action au moyen d’Internet, ce qui amène ma prose à être lue, rapidement, par un nombre de personnes nettement plus important que par le passé

Ma position est très claire : Je dis aux « inventeurs » que leur sacro saint « brevet d’invention », qui coûte si cher, et dont l’efficacité est fort relative, n’est pas la seule corde dont leur arc peut disposer, en raison de l’existence des lois sur le droit d’auteur, qu’ils peuvent, s’ils savent y faire, invoquer sans bourse délier, ou quasi.

Je ne vais pas vous tirer, ici, dans des débats techniques.

Simplement, le sens de mon actuelle réflexion, est le suivant :

Il est avéré que mon action d’information dérange les « puissances en place », je veux dire, pour ce qui est de la France, l’Institut National de la Propriété Industrielle, et aussi, le puissant lobby, non pas juif, celui-là, mais juridico économique, des professionnels du brevet.

Chose normale. Mon discours est le suivant : « Inventeur, cesse de te faire peler par des prédateurs plus avides d’engranger des profits que de servir tes intérêts, et regarde donc ailleurs, l’herbe peut y être plus verte »

Ce faisant, je monte sur les plates bandes de prestataires établis, dans ce qu’ils prennent pour une tentative de détournement de clientèle.

Qu’ils s’en soit suivi des escarmouches, des bagarres, est normal. De bonne guerre, dirais-je.

J’ai résisté, et je suis toujours en place, garde à vue et répression des fraudes hors course, à leur grand dam, mais : C’est la vie.

Mais, là où la névrose française entre sans cesse en jeu, c’est dans le procès d’intention permanent qui m’est fait, par ceux qui se placent, spontanément et subjectivement, en position d’adversaires, alors que mon action ne les préjudicie en rien.

J’explique aux inventeurs que la défense de leurs droits, qu’ils en passent par l’acquisition du brevet, fort onéreuse, ou par l’invocation du droit d’auteur, acte citoyen sans frais significatifs, sera finalement assujettie à la prestation de la profession juridique, face au pouvoir judiciaire, le seul maître du jeu.

Je préconise, bien sûr, la solution la plus économique, et, ce faisant, je demeure bon prince envers les juristes, exhortant mon public à payer des honoraires d’avocat, plutôt que des annuités de brevet.

J’aurais pu m’attendre à ce que les juristes professionnels voient en moi un nouveau prescripteur, et m’abreuvent de sourires. (je n’en demanderais pas plus)

Mais, cela ne se passe pas ainsi.

J’ai vécu, récemment, diverses réactions, en provenance des milieux juridiques, qui ont refusé toute idée de relations de « bon voisinage », dirons nous, avec moi, au motif que ces Messieurs n’entendraient pas apporter un concours, même passif, à une « entreprise mercantile »

Plus jeune, je pense que je serais « tombé sur le cul », devant une telle attitude, un tel préjugé, au sens étymologique du terme, fondé sur du néant.

Mes sites Internet, et mes blogs, dénoncent clairement mon identité et ma qualité professionnelle.

Je suis journaliste et auteur littéraire, depuis quarante cinq années consécutives, j’ai collaboré à des dizaines de journaux, dans le monde entier, j’ai écrit plusieurs dizaines de livres, et, de ce fait, je gagne très bien ma vie, merci.

Les inventeurs, qui constituent mon lectorat, dans le domaine spécifique dont je traite ici, et qui sont des amis personnels, pour la plupart d’entre eux, me savent, en général, gré des efforts que je fais pour eux, et ne manquent pas de me témoigner diverses formes de gratitude, ce que j’apprécie vivement, et qui constitue la trame de ma « vie publique »

Je leur approprie tout un tas d’infos utiles, je leur remets des livres gratuitement, je les aide, parfois, à monter leurs stands dans des expositions où il me plaît de me rendre, je leur crée, bénévolement, des sites Internet, etc. Il m’est même arrivé de faire des chèques à certains, qui en avaient vraiment besoin, et dont je n’ai jamais envisagé le moindre remboursement. Ma forme de mécénat, modeste.

Bien sûr, en bon journaliste professionnel, je détiens « mes sources » et suis en mesure de prouver tout ce que j’écris ici, autant que de besoin, en régime judiciaire, s’il le fallait.

Dans ce décor, de parfaits inconnus, veulent absolument, à priori, voir en moi un exploiteur du peuple, un vulgaire mercanti… sans rien savoir de moi, et là est leur problème.

Ces quidams ont sans doute l’âme du magistrat, sans en voir la formation, ni le talent, et encore moins l’expérience, qui « jugent » un inconnu, sur des « effets de surface » (mes écrits)

Grand bien leur fasse, mais il m’est aisé de démontrer qu’ils sont « à côté de leurs pompes »

L’intérêt du sujet que je développe, ne m’est pas personnel.

Je vous livre (c’est mon métier) l’élément d’information qui motive les présentes.

Un jour, j’ai dialogué, sur son blog, avec un individu se présentant comme élève avocat, qui s’est permis de me nommer, dans un billet contradictoire, relativement ironique, pour avoir relevé mon patronyme sur l’un de mes sites.

Je lui ai, poliment, fait valoir mes positions.

Après quelques dizaines d’échanges, ce jeune Monsieur a bouclé son blog, au niveau des commentaires accueillis, prétextant ceci :

J'ai supprimé l'un des commentaires, car je n'ai pas envie qu'il y ait de la publicité de cette société sur mon blog.

Un aveu et une révélation.

L’individu, par une alchimie mentale que je qualifie ici de « névrose française », en discussion avec un journaliste professionnel, annonçant nettement la couleur, s’est, sans doute, auto persuadé que la véhémence de mes convictions ne pouvait qu’être sous-tendue par des intérêts pécuniaires.

Il a voulu me voir, fonction de ses propres conditionnements, comme un vague agent commercial, sans doute, vantant les mérites d’une quelconque marchandise, ou prestation… La bêtise ne connaît guère de bornes.

Le premier psychologue venu nous dira que l’un des traits du mental humain consiste à assimiler, à priori, la structure mentale du protagoniste à la sienne propre.

Pour ce garçon, sans doute, la densité de mes convictions ne peut pas être fondée sur autre chose qu’une recherche de profit. De nos jours, l’altruisme est suspect.

Là réside le mal français. Le procès d’intention permanent, à base de déductions délirantes.

On pourrait même effleurer, à ce niveau, le contexte de la paranoïa, « des prémisses fausses, sur lesquelles peuvent s’élaborer des raisonnements intrinsèquement logiques »

A y regarder d’encore plus près, on peut frémir d’horreur.

Que ce garçon se soit imaginé que je défends une cause économique, bon, admettons. Chacun peut commettre une erreur de jugement. Mais, là où le bât blesse (de son côté) c’est qu’il s’est conduit d’une manière systématiquement réprobatrice, à la limite de l’agression.

De quel droit, en fonction de quelle morale ?

Et quand bien même, je mènerais une action lucrative, où serait le mal, dans la mesure de la satisfaction d’une « clientèle » ? Dans la mesure où mes prétendues « prestations », rencontreraient l’approbation de « ma pratique », en toute licéité, bien sûr, au niveau d’un engagement de moyens ?

Quand il sera avocat, ce garçon ne facturera-t-il pas des honoraires, en toute bonne conscience ?

Les choses se passent comme si chacun se sentait « dans son bon droit », en gagnant de l’argent, tout en refusant de tolérer le bien fondé de la même attitude envers son vis à vis.

Un peu plus tard, j’ai observé la même réaction, chez un autre citoyen, qui a bien voulu, lui, rester un moment en dialogue avec moi, après que je lui aie véhémentement excipé mon authentique désintéressement personnel.

Non, Messeigneurs, je ne facture pas « d’honoraires de consulting », et je puis le prouver. Je suis journaliste, et non prestataire de services.

Celui-là, certainement plus mûr que le précédent, m’a adressé la phrase suivante :

« J'admets tout à fait être mal informé, mais je suis ravi d'apprendre que vous ne facturez pas vos activités de consulting. »

Quel autre aveu ! Je serais un « marchand de prestations » (ce qu’il est, lui-même, à n’en pas douter) je serais « mauvais », mais si j’affirme travailler gratis, moi, alors, on peut continuer, pour un temps, à me fréquenter.

Vous noterez que son mental profond se révèle, au niveau de la subjectivité, par la formule « vos activités de consulting »

Il a rêvé, et je lui en laisse la responsabilité, que je serais « opérateur, en matière de consulting », alors que, tout ce qu’il pouvait savoir de moi lui venait de mon site, où ma biographie de journaliste figure en tête !

Curieux, non ? Celui qui gagnerait sa vie, en prodiguant d’honnêtes prestations, est vu comme un pestiféré, aux yeux de ceux là mêmes qui pratiquent l’action rétribuée.

Voilà bien, la névrose française. (par ailleurs, à y regarder de près, de telles attitudes me paraissent sous-tendues par une sorte de tension psychologique sous jacente, relativement malsaine. Ces gens là doivent souffrir de certains scrupulus bien cachés, dans les profondeurs de leurs dendrites, au niveau de l'équilibre de l'ego; Faudra que je m’en ouvre au Dr Freud. Il y a de la pathologie, là dedans)

Sans rien savoir, ou presque, de son vis à vis, le premier venu commence, dès le premier contact, à lui chercher des poux sur la tête, à lui prêter des actions, et des intentions, et à les réprouver, d’abord et avant tout.

Où en est le consensus social, cher à Jean Jacques Rousseau ?

Voilà, pour l'essentiel, de quoi elle crève, la France.

Au lieu de « se tirer dans les pattes », à longueur de temps, si nos chers compatriotes investissaient leur énergie dans des actions imprégnées de positivisme, on serait peut-être mieux lotis.

Chose plus grave : Je vous parle ici d’avocats, et d’aspirants avocats, lesquels, s’il faut en croire la législation, sont censés être instruits de la notion de « présomption d’innocence », tous azimuts.

Eh bien, nous n’y sommes pas vraiment !

Non contents de devoir prouver son innocence au tribunal, en qualité de justiciable, on en est rendus à devoir, en amont, fournir des preuves d’innocence préliminaires à son avocat, en qualité de client.

Des mentalités de concierge, in fine.

Pauvre France ! Heureusement que je l’ai quittée, il y a déjà longtemps, en termes de domicile, sinon, je ne dormirais peut-être pas tranquille tous les jours.

Au demeurant, j'aime les gens riches: Ils investissent. En cela, je dois être ressortissant d'une race disparue. "Ancipenseurs", disait Orwell.

Par pudeur, j’ai titré mon papier « la névrose française »

D’autres, à ma place, moins diplomates, auraient pu titrer « Une mentalité pourrie »

Didier FERET


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