La "croisière Sarkozy" n'était peut-être pas des "vacances"

L’ensemble des gazettes nous parle d’une escapade du Président élu, Nicolas Sarkozy, en méditerranée, à bord d’un yacht de luxe… Certains s’en offusquent, d’autres non.

Politique et polémique ont toujours rimé.

Personnellement, je vois mal, dans la conjoncture présente, cet homme hyper actif, ambitieux, jeune et énergique, rester trois jours et trois nuits à contempler la houle, et l’horizon.

De plus, je sais de longue date, pour avoir été journaliste d’investigation, et correspondant de guerre au Moyen Orient, que la Méditerranée est truffée de bâtiments militaires de diverses nationalités : Américains, Israéliens, Russes, et autres…

Je me suis donc permis de m’imaginer que notre excellent élu, dans la discrétion des eaux internationales, a pu rencontrer en grand secret divers personnages d’importance, venus pour la circonstance de leurs pays respectifs, en utilisant force moyens techniques contemporains, notamment militaires, pour communiquer et se déplacer : Rien de plus facile, à l’insu du peuple…

Je n’y vois nulle malice : Un homme tout récemment promis à une carrière de chef d’État, a vocation a se concerter avec ses pairs, déjà au pouvoir ailleurs, et à le faire loin de toutes sortes de « paparazzi », tout juste bons à propager des ragots, sans savoir de quoi ils parlent, en réalité.

Si j’ai vu juste, bravo, Monsieur le Président : Vous êtes lucide, et très certainement efficace.

Je ne vous donne pas là une opinion « politique », mais simplement le ressenti d’un « vieux du métier », qui observe les politiciens depuis un demi siècle.

Didier FERET

La France confirme sa vocation à être le "pays de la liberté"

Par Didier FERET


La politique politicienne tient le haut du pavé, sous couleur d’élections.

Pendant ce temps-là, et depuis quelques années, le véritable pouvoir en place prend, discrètement, des séries de mesures destinées à garantir la liberté du citoyen.

Voyez un peu

Fichage ADN

En cas d'infraction à la loiLionel Jospin avait mis en place le Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (FNAEG) pour recueillir l'ADN des délinquants sexuels jugés coupables.

La loi du 18 mars 2003 sur la sécurité intérieure a étendu le prélèvement à l'intégralité des personnes ayant affaire à la police (coupables comme suspects) quel que soit le type de délit (vols à la tire, tags, manifestations...), à la seule exception des délits financiers.

Un prélèvement ADN coûte 400 €, celui-ci est conservé quarante ans.

Fichage généralisé

Le Système de Traitement des Infractions Constatées (STIC) de la police et le système JUdiciaire de Documentation et d'EXploitation (JUDEX) de la gendarmerie sont deux fichiers nationaux, en plus du casier judiciaire, regroupant procédures, infractions, individus, victimes et objets mis en cause.

En tout ce sont près de 22 millions de personnes qui y sont référencées.

Ces fichiers peuvent être consultés lors d'une enquête administrative ou lors du recrutement pour certains emplois (sécurité, défense...).

Leur fusion est prévue pour décembre 2007 en un seul et unique fichier : ARIANE, pour un coût de 15 millions d'euros.

Viennent s'ajouter les fichiers des Renseignements Généraux (RG), Système d'Information Schengen (SIS) et du Système d'information d' Europol (TECS).

La Commission Nationale Informatique et des Libertés (CNIL), la Fédération Informatique et Libertés (FIL), la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme (CNCDH) et d'autres dénoncent le nombre considérable d'erreurs parfois très graves (la victime devient le coupable, etc.) contenues dans ces fichiers (environ 25%) et la quasi-impossibilité pour les personnes de faire valoir leurs droits.

La CNIL a ainsi supprimé 36% des fichiers Schengen (SIS) et 44% des fichiers STIC qu'elle a été amenée à contrôler en 2005, parce qu' «erronés, manifestement non justifiés ou dont le délai de conservation était expiré».

Carte nationale d'identité et passeport biométriques

Conformément à ce que recommande l'Union européenne et à ce que réclament les Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001, la France va se doter d'une carte nationale d'identité obligatoire et payante contenant des informations biométriques sur son porteur.

Elle contiendra les empreintes digitales et l'image faciale numérisée des ressortissants français.

Ce dernier fichier permettra grâce aux logiciels de reconnaissance faciale le contrôle d'identité par vidéosurveillance. De plus le contrôle d'identité pourra se faire par un lecteur à distance, donc à l'insu des individus.La finalité du projet est d'instaurer une carte universelle intégrant l'identité, les informations médicales et sociales et la capacité de réaliser des transactions monétaires.

Abolition du secret professionnel

Le projet de loi sur la 'prévention de la délinquance' propose le «secret professionnel partagé» permettant aux maires d'accéder aux informations médicales, psychiatriques, sociales et scolaires de leurs concitoyens.

Ils pourront les utiliser pour gérer les allocations des familles 'déviantes'.

Le "Service Citoyen Volontaire"

Vient d'être instauré dans dix régions pilotes le Service Citoyen Volontaire (SCV).

Il s'agit pour les citoyens qui le souhaitent de s'engager en tant que bénévoles pour aider les forces de l'ordre à assurer la sécurité publique.

Les volontaires seront recrutés à l'issue d'un entretien et d'une enquête administrative.

Ils pourront participer «à des actions de soutien et de renforcement de l'autorité parentale, d'accueil et de suivi des victimes, de prévention, de médiation et d'explication de la loi dans le cadre de structures scolaires».

Dans le cadre de leurs fonctions ils bénéficieront de l'immunité policière. Les postulants sont invités à retirer un dossier d'inscription au commissariat le plus proche.

Taser : un pistolet de plus pour les forces de l'ordre

Le Taser est un pistolet infligeant une décharge électrique de 50 000 volts jusqu'à une distance de 10 mètres.

La personne se voit neutralisée par la paralysie de son système nerveux pendant 5 secondes.

Après un phase de test commencée depuis janvier 2004 sur 130 personnes, 1 000 policiers et 1 000 gendarmes ont été équipés de Taser en 2006.

Le Taser ne laisse pas de traces, crée des souffrances aiguës et est susceptible d'être utilisé pour intimider, humilier, torturer ou faire parler des suspects, détenus, prisonniers ou simples citoyens.

Ainsi, ce pistolet s'apparente à un objet de torture au sens de la Convention des Nations Unies contre la torture de 1984 (la France a signé ce protocole le 16 septembre 2005 et ne l'a toujours pas ratifié).

Cette arme qui a déjà fait plus de 200 morts aux Etats-Unis est interdite en Belgique, en Italie, aux Pays-bas, au Danemark, en Norvège, en Serbie, à Hong Kong, au Japon, en Malaisie, en NouvelleZélande et au Pakistan.

Conservation des données Internet et téléphoniques

Après six mois de débat, les députés européens ont adopté la directive proposée par la Commission qui rend obligatoire la conservation par les opérateurs téléphoniques et les fournisseurs d'accès à Internet des données de connexion de leurs abonnés.

Cela concerne les appels passés par les téléphones fixes et mobiles, les SMS et les e-mails.

Il s'agit de pouvoir déterminer qui a communiqué avec qui, quand et combien de temps.

La durée de rétention de ces données pourra aller de six mois à deux ans selon le souhait des Etats.

En décembre 2005, le Sénat après l'Assemblée nationale a adopté le projet de loi contre le terrorisme

Tous les fournisseurs d'accès à Internet devront conserver nos données de connexion jusqu'à un an.Tout cela, s’est fait en moins de quatre ans

Il est important que nous gardions à l'esprit que les dispositifs ci-dessus ont été appliqués en l'absence totale de concertation démocratique et sont intégralement financés par nos impôts.

Le pouvoir politique n'aime pas les journalistes

Il y a aujourd’hui quarante cinq ans, très exactement, je prenais mes fonctions de journaliste, au sein de mon premier emploi, dans un hebdomadaire de province.

Depuis, je n’ai jamais abandonné le métier, et me suis même permis d’écrire plusieurs dizaines de livres. Une vocation est une vocation.

Je lisais, la semaine passée, un « papier » paru dans « Le Monde » qui décrit l’existence de lourds « risques du métier », menaçant, de nos jours, notre corporation.

L’article se réfère aux années récentes. Un spécialiste dit : (je cite)

Johann Fritz, le directeur de l'IPI, (Institut International de la Presse) parle d'une véritable "guerre contre le journalisme". Il considère l'année 2006 comme "la plus sauvage et la plus brutale dans l'histoire contemporaine des médias".

C’est bien certain, mais cela n’est, malheureusement, pas vraiment nouveau.

Pour ma part, tout au début de la « grande guerre » du Liban, j’ai été retenu en otage dans ce pays, et en ai réchappé, certes. (il y a trente ans)

Je n’évoquerai pas la mémoire des correspondants de guerre, qui, trop près des combats, se font tuer, sans qu’on n’en parle trop, considérant sans doute cela comme « normal » eu égard aux fonctions exercées dans ce cadre.

Le journaliste a toujours été exposé. La violence humaine l’amenant à se trouver là où « le bât blesse », il est quasi inexorable qu’il se trouve plus souvent que le commun des mortels, exposé à des débordements, à des exactions.

Quelque part, je pense en effet que le risque est naturel, dans la profession, s’agissant de se trouver sur le théâtre « d’événements »

Par contre, là où il est nettement moins naturel, plus insidieux, pervers et plus dangereux encore qu’en « ligne directe », le risque du journaliste est un risque politique.

Le journal « Le Monde » parle du risque de voir les journalistes attaqués, ( et ce peut être de diverses manières, attaque violente, ou judiciaire), à propos de la notion de « diffamation des religions ».

Ce n’est encore qu’un aspect relatif des choses.

A moins de pratiquer l’auto censure, il est risqué de traiter d’innombrables sujets, notamment ceux qui sont en corrélation avec la ligne de conduite du grand « Big Brother », je veux dire le pouvoir politique établi, quel que soit le pays dont il s’agisse.

Si je me permets de traiter de considérations d’ordre ethnique, par exemple, en toute sérénité, et en corrélation avec des faits avérés, je sais qu’une épée de Damoclès m’attend, dans les notions exacerbées de « racisme, xénophobie, etc. »

Si je souhaite parler de « catégories », d’êtres humains, les homosexuels, par exemple, je flirte avec la pénalisation de « l’homophobie », une notion récemment imposée à la face du monde, et qui s’exprime par un mot encore si exotique, dans la langue française, que mon dictionnaire en ligne me le signale comme mal orthographié.

Si je voulais m’intéresser à l’industrie du tabac, par exemple, en mettant en exergue les difficultés diverses, économiques et humaines, que ce secteur d’activité, longtemps florissant, connaît aujourd’hui, nul doute que le puissant culte « anti tabac » que les gouvernements développent aujourd’hui, me vaudrait quelques risques de démêlés avec la Justice…

Et la liste est longue des sujets « néo tabous » qu’il faut aborder avec des pincettes.

Pratiquement, il nous faut, outre le maniement de la prudence élémentaire, touchant à notre sécurité directe, devenir également juristes, tant les interdictions sont nombreuses, et tant il est devenu facile de se faire reprocher l’apologie de quelque pratique humaine, devenue délictueuse, voire criminelle, par l’installation permanente de la « pensée unique »

J’ai fait l’expérience, à petite échelle, mais bien significative, de ces « risques politiques », dans l’exercice du journalisme.

Relativement récemment, j’ai développé des thèses, fondées, précisément, sur une lecture approfondie de textes de loi, ce qui m’a amené à informer un public spécifique de l’existence de possibilités aussi favorables que peu connues, voire soigneusement occultées, dont il pouvait bénéficier.

Les lois auxquelles je me suis référé existent, mais il se trouve que de puissants lobbies en exploitent d’autres, non moins établies, et mon information sur l’existence d’un contexte législatif plus favorable aux citoyens, moins onéreux à mettre en œuvre, n’a pas été du goût de « ces Messieurs »

Je me suis retrouvé, en France, face à la « Répression des fraudes », un organisme qui porte bien son nom, lequel a tenté de me convaincre de publicité mensongère, rien moins, ceci à la demande de délateurs anonymes.

C’est une face peu connue de la « guerre au journalisme »

Bien sûr, mes « sources » étaient inattaquables : Les textes de la loi, la loi de la République, parfaitement en vigueur, et, en outre, information professionnelle et publicité ne sauraient se confondre.

Je n’ai pas subi de « répression avérée ». Mais j’ai été, un moment, mis en cause, suspecté, convoqué, interrogé, pour avoir osé écrire dans la Presse que, contrairement aux mœurs courantes, l’usage de certaines dispositions législatives impliquant un coût financier important, pouvait se remplacer par l’invocation d’autres lois, aux effets comparables, et ceci, sans grands frais…

Dans l’ancienne Union Soviétique, on connaissait bien la notion de « tracasserie administrative », une manière sournoise de réduire le peuple en esclavage, au quotidien. Nous en sommes rendus là.

Conclusion :

Qu’ils s’agisse d’événements, plus ou moins brutaux, dont les auteurs, ou les instigateurs, ne veulent pas se voir « à la une » ou qu’il s’agisse des contours du totalitarisme hypocrite dans lequel nous sommes plongés, le journaliste est un « empêcheur de maltraiter », un dénonciateur public potentiel de toutes sortes d’exactions, dont on sent bien que les « puissances » en place se défient.

La « guerre au journalisme » est une réalité. Réalité de toujours, venue de tous ceux qui ont quelque chose à cacher, ou quelque chose à imposer.

Notre profession a été dénommée « le quatrième pouvoir », et, s’il y a une once de vrai dans cette formule, ne nous étonnons pas d’être traités en ennemis par les trois autres, tour à tour.
Le lien ci-dessous vous amènera dans les colonnes du journal « Le Monde » qui évoque la « guerre contre le journaliste »

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-901502,0.html

Pour ma part, après quatre décennies et demi de pratique, je ne baisse pas les bras, et engage mes jeunes confrères à tenir le coup avec courage, et dignité.

Didier FERET